Présentation de ma démarche artistique
- Artiste, tu en veux un métier !
- et oui... justement...
Ces propos résument assez bien ce lieu de contradiction qu'est ma démarche. J'explore les contradictions, les limites, l'impossible, j'ouvre des espaces, passe à travers les formes, brise l'opacification des surfaces ; j'explore un devenir lumière.
Une des choses qui m'intéressent c'est le rapport que nous entretenons avec l'image (image modèle, référence, représentation, sensation, perception...). Obtenir ! des images dynamiques sans mouvement cinématographique (personnages, objets ou caméra)... Des images dynamiques parce qu'on a jamais fini de les voir, de les découvrir. Une dynamique relative au regard et à la façon dont notre cerveau appréhende un visuel.
Cela m'aura conduit :
- à travailler sur les trames et les grilles, les agencements et les constellations,
- à conceptualiser l'usage des couches, couleurs et mode de dépôt du pigment,
- à multiplier les images et à les fragmenter,
- à m'interroger sur les limites de reconnaissance et de lecture des motifs,
- à questionner une éventuelle universalité des arts plastiques,
- à repenser la transparence et la lumière,
- à penser une circulation intérieure au visuel,
- à construire une forme de profondeur qui ne relève ni de l'emplilement de silhouettes ni de la perspective,
- à envisager une oeuvre visuelle tantôt comme une machine, un dispositif, une représentation ou une confrontation (un fait),
- à nommer (avec un vocabulaire pas toujours évident) les phénomènes et résultats obtenus ou perçus, (que l'on retrouve dans l'index)
- à quetionner le rapport à l'exactidute à travers le flou net et le net flou, l'imaginaire photographique ou non, la profondeur de champ, une certaine qualité de négligence et quelques autres moyens dont les gains s'accompagnent de sacrifices par ailleurs,
- à réviser la position du motif et du sujet, du prétexte et de l'élément condensateur de ressenti,
- à penser la fin de la narrativité, comme conduction lente à laquelle ne peut être dévolue le ressort d'immédiateté,
- à destituer le style s'il est une recette extérieure et à le penser comme résultante relationnelle,
- à construire un monde habitable de surprises, où la beauté cotoie l'effroi, comme les merveilles font des monstres - dans la lignée de ce qu'ont pu être en terme de rencontre insolites les cabinets de curiosité,
- à envisager la nature auto-imageante de la couleur et la spécificité du médium, qu'il soit pigment matériel ou lumière, flux (vidéo) ou matière, relation et forme (installations) ou autre,
- à créer mes propres outils,
- etc,
- et finalement, à faire tout ce que j'ai fait, fut-ce au risque de ne rien vendre, parce que c'était nécessaire pour poursuivre cette ligne intérieure qui tout à la fois hérite d'une longue tradition et déconstruit progressivement ce qui fait obstacle à un autre point de vue.
Quelques résultats sont ici, dans ces pages. L'impossibilité (humainement) de ne pas réagir à certaines situations aura été à l'origine d'oeuvres à caractère social ou sociétal, mais aussi à des situations où affleure l'humour, jaillit un cri, sourd une vibration.
Les travaux présentés sur ce site sont à la fois des résultats, les pas d'un cheminement, et des briques élémentaires (éventuelles) ou les premisses de celles qui constitueront des installations. Les photographies plasticiennes - chacun l'imagine bien - peuvent faire l'objet de tirages, de montages en caissons lumineux, de projections vidéo, permettre de construire une scénographie, être montées en vitrails, en cloisons de pavés translucides, être tissées ou imprimées, sérigraphiées sur soie, être associées à des sculptures de verre, etc.
Les possibilités sont innombrables et les projets multiples.